Une mienne connaissance, vieux corps mâle fatigué, a eu la mauvaise idée de se déclarer une méchante maladie veineuse sous l’équateur… à Singapour plus précisément. Impossible de rentrer dare-dare et ventre à terre sous nos cieux et la douce protection de la Sécu, on l’a donc soigné sur place. Et bien évidemment, anti-coagulants, mesure religieuse du taux de prothrombine, et du fameux indice international de « fluidité » du sang, j’ai nommé l’ INR. Là-bas, ils utilisent un petit appareil, de la taille d’un sabot de paiement Carte Bleue – on vous pique le bout du doigt, on tartine une petite bandelette de réactif d’une goutte de votre précieux sang, on attend une minute en papotant… et zboinnnng, le résultat : avec de la chance, hopefully comme ils disent, ce sera entre 2 et 3, disons 2.8 comme sur mon illustration.
Notez bien que ces petits machins sont en vente libre sur la Toile, au Canada, en Asie, un peu partout. Autour de 1.000 dollars.
Bon, de retour en France, mon brave ami continue son traitement… ah non cher monsieur, ce truc là ? ça n’existe pas chez nous. Donc, aller au labo, faire la queue, se faire tirer une demi-pinte de sang à la saignée du coude – bien bleue, la saignée du coude, au bout de 4-5 trous – puis attendre 3 à 4 heures, téléphoner pour avoir les résultats. La routine, quoi…
On me dit – le toubib à qui j’en ai parlé m’a dit : « c’est politique, les labos blahblahblah.. » ; on me dit – la laborantine à qui j’en ai parlé m’a dit : « les labos ne veulent surtout pas de ça, c’est du bon pain pour eux tous ces gens qui viennent se faire trouer la saignée du coude ».
On m’a dit – un vieux retraité depuis 15 ans sous anti-coagulants m’a dit : « il faut aller au labo tous les 15 jours… moi je peux pas y aller à pied, alors il faut appeler l’ambulance… mais pas de chance, il n’y a jamais d’ambulance « assis » disponible, alors on me trimballe jusqu’au labo en ambulance « couché », et je m’assieds à côté du chauffeur… ça doit coûter un max, tout ça ».
Eh oui, faites les comptes, les labos, les ambulances… bon, vous avez compris le film ? comme les diabétiques, qui sont maintenant et heureusement plus autonomes, les centaines de milliers de gens qui sont sous anti-coagulants pourraient se faire leur petit test INR tout seuls chez eux, comme des grands, ou à la rigueur chez un voisin, chez le toubib du coin, ça coûterait bien moins cher, ce serait bien plus pratique… meuuh non, enfin, nous avons une médecine DE POINTE, nous, en France.
Allez, faites passer, parlez-en à vos copains, ça finira peut-être par faire bouger les lignes…
Tibert