A qui ai-je l'horreur ?

On me l’a raconté… ça vaut le billet. Celle qui raconte, appelons-la Léa : c’est court, Léa, faut faire court, de nos jours.

Voilà : Léa doit recevoir à Paris des visiteurs en provenance de Boston, USA. Vol « Delta Airlines » (kif-kif Air-France, ce sont les mêmes avions)  Boston –> Paris CDG, départ 19 h. de Boston, arrivée à CDG vers 8 h le lendemain, heures locales…

Commme Léa est moderne, et pour éviter de poireauter inutilement, elle consulte sur internet les infos données par CDG sur l’arrivée du vol Delta-machin : stupéfaction ! arrivée prévue à 13 h., soit 5 heures de retard. Quelle est cette embrouille ? Elle revient un peu plus tard sur internet, insiste, c’est à peu près pareil en pire, va sur le site de Boston Airport pour croiser les informations, avoir une explication : l’avion est parti vers 1 h. du matin (avec 5 heures de retard), point.

Perplexe, elle veut en avoir le coeur net, et se fend d’un coup de fil – payant, évidemment, eh eh, 34 centimes la minute, y a bon – à un numéro du genre 34xx. Elle est inquiète, veut avoir des détails, une explication… que s’est-il passé ?

Voix synthétique : si c’est pour un départ, tapez 1, une arrivée, tapez 2.

Voix synthétique : tapez les lettres du code de l’aéroport.

Voix synthétique : si c’est Bruyères-les-Gonesse, tapez 1, Boston, tapez 2.

Voix synthétique : tapez les 3 premières lettres du nom de la compagnie.

Voix synthétique : si c’est le vol Delta 745 vers Paris, tapez 1, Delta 342 vers Tombouctou, tapez 2, Delta 655 vers La Garenne-Bezons, tapez 3…

….

Voix synthétique : Le vol Delta 745 vers Paris est parti à 01 heures, heure locale. Nous vous remercions d’avoir utilisé… gnagagna… bonjour chez vous.

Et voilà ! c’est pas beau, ça ? une chaude voix synthétique, presque humaine, qui vous explique, moyennant paiement, exactement la même chose que l’internet gratuit, pas un iota de plus – et personne au bout du fil. On a l’impression, n’est-ce-pas, « quelque part », de s’être fait baiser.

Enfin, faut être moderne, pas vrai, et puis faut bien payer les robots.

Tibert

PS – Y repensant, je me dis que la simple honnêteté voudrait qu’on appose la mention « …  à défaut d’accès à Internet, le serveur-robot téléphonique 34xx ». Mais bon, ça ferait des sous en moins aux opérateurs téléphoniques, alors…