On le sait, la votation des Helvètes cette fin de semaine a rejeté la construction de nouveaux minarets en Suisse. On devrait donc, là bas, en rester au statu quo. Les muezzins n’ayant de toutes façons pas le droit d’appeler à la prière par haut-parleurs extérieurs, on se dit, d’ailleurs, que ces minarets n’auraient été construits qu’à titre de balises, pour marquer le territoire, en quelque sorte.
Et d’aucuns de remarquer finement que les minarets n’ont aucun caractère coërcitif, puisque le Coran ne fait pas état de la nécessité de telles constructions… certes. Ayant beaucoup – trop – bouquiné les évangiles dans ma jeunesse, je puis témoigner que le Christ n’a jamais demandé qu’on bâtisse des clochers ! et pourtant… que de clochers affreux (Loire-Atlantique, Vendée…), banaux (partout) ou sublimes (les églises romanes auvergnates) : et des clochers qui appellent à la prière, ding-dong, l’Angelus du matin, l’Angélus du soir, les vêpres, la messe, les enterrements, etc. Quelle différence avec le muezzin, sinon l’absence de micros et de haut-parleurs ?
Soyons clairs, comme disent les politiques : ce que les Helvètes signifient là, c’est qu’ils considèrent leur terre comme chrétienne (en fait, majoritairement Calviniste ou Luthérienne), que les autres religions n’ont qu’à se faire discrètes, que si chacun est libre de pratiquer celle qu’il veut, il ne saurait contester la primauté, voire l’exclusivité publique du christianisme en Suisse. Et remarquons que notre culture n’est guère différente ; plus papiste, sans doute…
Ce vote de rejet est-il raciste ? absurde, l’Islam n’est pas une race. En revanche c’est xénophobe, ça oui. Est-ce regrettable ? dans l’idéal, sûrement. Si l’Islam était blanc-bleu, si l’Arabie Saoudite, le Yemen… laissaient construire des églises, si les musulmanes n’étaient pas des citoyennes de seconde zone, si la religion musulmane était soluble dans la démocratie, si les extrêmistes rangeaient leurs bombes, bien évidemment ce serait un vote incompréhensible, injuste, immoral. Ca fait beaucoup de si.
Tibert